Ce mercredi 16 avril 2025, la Cour d’appel de Conakry devait examiner, pour la deuxième audience, le recours introduit par Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), contre sa condamnation à deux ans de prison ferme pour « offense et diffamation » à l’endroit du chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya. Mais l’audience n’a finalement pas pu se tenir dans des conditions normales. Le dossier a été renvoyé au 22 avril prochain.
Une audience (presque) à huis clos
Très tôt ce matin, un dispositif de sécurité inhabituel a été mis en place autour de la Cour d’appel. L’accès à la salle d’audience a été interdit au public, y compris aux journalistes, diplomates, membres de la société civile et militants du MoDeL. Cette décision a suscité de vives réactions, d’autant plus que la Cour avait précédemment rejeté une demande de huis clos émise par le parquet, tout en refusant la médiatisation du procès.
Les avocats de la défense ont dénoncé un climat de tension orchestré, selon eux, pour empêcher un procès équitable. La salle d’audience aurait été occupée avant leur arrivée par des individus non identifiés, soupçonnés d’avoir été mobilisés pour perturber l’audience. Estimant que la sécurité de leur client n’était pas garantie et que les conditions d’un débat contradictoire étaient bafouées, les avocats ont quitté la salle en signe de protestation, appelant Aliou Bah à garder le silence.
Renvoi au 22 avril
Face à cette situation chaotique, la Cour a décidé de reporter l’audience au mardi 22 avril 2025. Aliou Bah, toujours détenu à la Maison centrale de Conakry depuis le 7 janvier, y a été reconduit à l’issue de l’audience écourtée.
Contestations et inquiétudes
Ce report suscite l’indignation du MoDeL et de plusieurs organisations de défense des droits humains. Ils y voient une entrave au droit à un procès public et équitable. Dans une déclaration, le parti d’Aliou Bah dénonce une « manœuvre politique » visant à museler une voix critique du régime de transition.
La suite de cette procédure judiciaire, particulièrement suivie tant en Guinée qu’à l’international, pourrait avoir des implications politiques importantes dans un contexte où les libertés publiques sont régulièrement remises en cause par l’opposition.