Tanzanie : l’opposant Tundu Lissu arrêté en pleine campagne

L’arrestation de Tundu Lissu, figure emblématique de l’opposition tanzanienne, a ravivé les craintes d’un retour de la répression politique en Tanzanie, alors que le pays se prépare à des élections générales prévues plus tard cette année.

Ce mercredi, 09 avril, au terme d’un rassemblement politique tenu à Mbinga, dans la région de Ruvuma (sud du pays), Tundu Lissu a été interpellé par la police, selon une annonce de son parti, Chadema. L’avocat et ancien candidat à la présidentielle a été arrêté en compagnie de plusieurs membres de son entourage. Aucun motif officiel n’a été communiqué par les autorités à ce jour.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser la foule rassemblée dans le cadre de la campagne du parti intitulée « Pas de réformes, pas d’élections », qui appelle à une refonte du processus électoral.

« L’arrestation de notre vice-président est une tentative claire de faire taire les voix de l’opposition avant le scrutin », a déclaré Brenda Rupia, directrice de la communication de Chadema. « Nous sommes ciblés, harcelés et brutalisés simplement pour avoir exercé nos droits constitutionnels ».

Depuis plusieurs mois, Tundu Lissu sillonne le pays pour dénoncer les failles du système électoral et plaider pour des élections libres et équitables. Son engagement politique lui a déjà valu d’être victime d’une tentative d’assassinat en 2017, lorsqu’il avait été grièvement blessé dans une attaque armée.

L’arrestation de Lissu intervient dans un contexte politique tendu. Plusieurs responsables de Chadema ont récemment été victimes d’attaques violentes. En octobre 2024, Aisha Machano, une cadre du parti, a été enlevée et grièvement blessée. Un mois plus tôt, Ali Kibao, un dirigeant régional, avait été retrouvé mort après avoir été enlevé.

« Il ne s’agit pas d’incidents isolés », a averti Brenda Rupia. « C’est une campagne coordonnée pour intimider les leaders de l’opposition, restreindre les libertés politiques et saper la démocratie ».

L’élection de Samia Suluhu Hassan à la présidence en 2021 avait suscité un espoir de libéralisation. Elle avait levé certaines restrictions, autorisé les rassemblements publics et permis le retour des opposants en exil, dont Tundu Lissu. Mais cet élan d’ouverture semble aujourd’hui menacé.

Des ONG de défense des droits humains et des observateurs internationaux s’alarment de la multiplication des arrestations arbitraires, des enlèvements et de la surveillance accrue des opposants. Pour beaucoup, cela évoque les méthodes autoritaires de l’ère Magufuli, prédécesseur de Samia Hassan, connu pour sa répression sévère de la dissidence.

Alors que les autorités restent silencieuses sur les raisons de l’arrestation de Tundu Lissu, les appels à la transparence et au respect des droits fondamentaux se multiplient.

« La démocratie est en danger », a lancé Brenda Rupia, avant d’ajouter : « Le peuple tanzanien mérite mieux ».

À l’approche des élections, le climat politique s’alourdit. Et sans réformes électorales substantielles, le scrutin pourrait être entaché de suspicion et de défiance.

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