Les avancées significatives réalisées au cours des deux dernières décennies dans la réduction de la mortalité infantile pourraient être gravement compromises par les réductions de l’aide internationale. C’est l’avertissement lancé par l’ONU dans un rapport, publié le 24 mars dernier, rédigé conjointement par l’Unicef, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Banque mondiale (BM).
Selon ce rapport, la mortalité des enfants de moins de cinq ans a poursuivi sa baisse en 2023 avec 4,8 millions de décès, dont 2,3 millions de nouveau-nés de moins d’un mois. Ce chiffre, bien qu’étant un plus bas historique et représentant une réduction de 52% par rapport à l’an 2000, reste alarmant. « Mais 4,8 millions, c’est 4,8 millions de trop », a déclaré Fouzia Shafique, responsable des questions de santé à l’Unicef, insistant sur l’urgence de maintenir les efforts.
Les coupes budgétaires de l’aide internationale, en particulier la suppression d’une grande partie des programmes de l’USAID, l’agence américaine de développement dotée d’un budget annuel de 42,8 milliards de dollars, suscitent de vives inquiétudes. Bien que le rapport ne mentionne pas directement les États-Unis, cette décision prise sous l’administration de Donald Trump pourrait avoir des conséquences dévastatrices, surtout dans les régions où les taux de mortalité infantile sont les plus élevés.
« Sans les bons choix politiques et les investissements adéquats, nous risquons de voir s’inverser ces progrès durement gagnés », a averti Catherine Russell, responsable en chef de l’Unicef. « Nous ne pouvons pas laisser faire ça », a-t-elle martelé.
Les conséquences des coupes financières sont d’autant plus préoccupantes dans les régions vulnérables, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. La Directrice générale de l’Unicef a mis en garde : « Pour le dire simplement, si le soutien aux services vitaux n’est pas maintenu, de nombreux pays peuvent s’attendre à une recrudescence des morts de nouveau-nés et d’enfants ».
Les effets négatifs se manifestent déjà par des pénuries de personnel médical, des fermetures de cliniques, des perturbations des programmes de vaccination et un manque de traitements pour des maladies telles que le paludisme. Un second rapport, rédigé par les mêmes agences, s’inquiète aussi de la stagnation du nombre de « mortinaissances » — bébés morts après 28 semaines de grossesse, avant ou pendant l’accouchement — avec environ 1,9 million de cas en 2023.
« Chaque jour, plus de 5 000 femmes subissent l’expérience déchirante d’avoir un bébé mort-né », déplorent l’Unicef, l’OMS et la BM dans leur rapport.
Face à cette situation alarmante, les organisations internationales appellent à une mobilisation accrue pour éviter que les coupes budgétaires n’annulent des décennies de progrès dans la lutte contre la mortalité infantile.
LP avec AA