Face à une crise migratoire qui ne cesse de s’aggraver, la Mauritanie et le Mali tentent de renforcer leur coopération. En visite à Bamako jeudi, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, a rencontré le président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, pour évoquer les drames humains en mer et la récente vague d’expulsions de migrants maliens par Nouakchott.
Portant un message du président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani à son homologue malien, le chef de la diplomatie a exprimé sa « profonde tristesse » face à l’ampleur de l’immigration clandestine, qualifiant la situation de « tragédie humaine ».
« En 2024, plus de 500 corps de jeunes Africains – Sénégalais, Gambiens, Maliens, Guinéens et Mauritaniens – ont été retrouvés sur nos côtes, et plus de 100 depuis janvier 2025. C’est une tragédie humaine que nous devons affronter ensemble », a déclaré Ould Merzoug à la presse.
Cette visite intervient alors que les autorités mauritaniennes ont récemment procédé au refoulement de plus de 2 000 migrants maliens en situation irrégulière. Une décision qui a suscité des tensions et relancé le débat sur la gestion de la migration entre les deux pays.
Pour autant, le ministre mauritanien a tenu à apaiser les esprits. « Un Malien qui arrive en Mauritanie est chez lui, tout comme un Mauritanien qui se rend au Mali. Ceux qui sont en situation régulière vivent en toute quiétude. Les difficultés concernent principalement les personnes non enregistrées », a-t-il affirmé.
Rappelant que « 80 % des migrants africains restent en Afrique », Ould Merzoug a mis en avant l’importance des migrations internes au continent, qualifiées de « traditionnelles » et « bénéfiques à la cohésion sociale et aux économies locales ».
Mais c’est surtout la lutte contre les réseaux de passeurs qui reste la priorité de Nouakchott. « Il est impératif de combattre ces réseaux criminels et de promouvoir une migration régulière, sûre et ordonnée », a martelé le chef de la diplomatie mauritanienne.
Depuis le 2 mars 2025, la Mauritanie a lancé une vaste opération de refoulement des migrants irréguliers vers leurs pays d’origine. Cette initiative, critiquée par certaines ONG, est justifiée par les autorités mauritaniennes par un souci de sécurité et de contrôle des flux.
Mohamed Salem Ould Merzoug a enfin plaidé pour une « réponse coordonnée et anticipée », fondée sur la coopération régionale, estimant que la mobilité est une composante essentielle des sociétés ouest-africaines.