
Pour lutter contre la fraude et renforcer la sécurité à cause des faux billets en grande quantité qui sont actuellement dans le pays, la BCRG (banque centrale de la république de Guinée) a émis, en juillet dernier, une nouvelle coupure des billets de dix mille Francs qui permettront aux autorités de pouvoir connaitre exactement ainsi que de contrôler désormais la masse monétaire. En effet, selon certains experts, cette nouvelle coupure dispose d’aspects sécuritaires difficilement falsifiables par rapport aux précédentes, émises respectivement en 2007, 2008, 2010 et lors du cinquantenaire de la monnaie guinéenne.

Mais ces derniers jours, l’utilisation des anciens billets dont la date d’expiration est fixée pour le 31 décembre pose d’importants problèmes dans les marchés, les transports en commun ou les stations services à Conakry comme dans certaines villes de l’intérieur depuis que ceux-ci sont récusés par une partie de la population . Tout est parti des fausses rumeurs selon lesquelles à compter du 1er novembre (ce jeudi) les banques primaires n’accepteront plus les billets de dix milles séries 2007, 2008 et 2010. C’est cela à l’origine de la psychose. Ces rumeurs n’ont pas tardé à se propager dans toute la ville où des nombreuses altercations ont été signalées entre vendeurs et acheteurs , automobilistes et pompistes , chauffeurs et passagers surtout si ces derniers n’ont pas d’autres argents.
Durant tout le week-end, la BCRG a multiplié les communiqués et les sorties dans les médias pour rassurer les citoyens qui ne cessent de s’inquiéter. Par ailleurs, on apprend ainsi que l’échange des anciennes coupures continuera à se faire aussi bien au niveau des banques commerciales et institutions de micro finance que les agences de la banque centrale pour toute personne ou entreprise qu’elle soit détentrice ou non de compte bancaire, et c’est sans limitation de montant jusqu’au 31 décembre 2012. En même temps la BCRG demande à toutes les banques primaires de ne plus ré-sortir les billets qui seront retirés du marché en début de l’année prochaine. Et elle profite de l’occasion pour exhorter les citoyens à bancariser leurs avoirs. Comme moi, la majorité de la population habite conjointement avec leur fortune. En Guinée, le taux de bancarisation est l’un des plus faibles de l’Afrique. Les banques commerciales sont pointées du doigt par des clients qui les accusent de n’avoir pas respecté les consignes que la banque centrale leur a données.
Suite au rejet des « billets verts », des informations font état des nombreux rackets de la part de rares personnes qui acceptaient de les prendre. On parle des taux approximatifs de 10% du montant à rechanger. D’autres qui sont un peu plus âgés gardent encore les tristes souvenirs de pertes subies lors des rechanges monétaires qui ont eu lieu dans le passé surtout sous la première république (le règne de Sékou Touré) entre 1958 et 1984. Des grandes quantités d’argent ont fini dans les poubelles, nous dit-on. Ce mercredi matin au marché Madina à Conakry où je me suis rendu, la peur s’était considérablement diminuée. Du moins pour l’instant en attendant la date butoir du 31 décembre à minuit.