Depuis 2022, un nouveau fléau nommé « kush » ravage l’Afrique de l’Ouest, causant probablement des milliers de décès et suscitant une inquiétude croissante parmi les autorités et les populations locales. Apparu initialement en Sierra Leone, le kush s’est rapidement propagé dans les pays voisins tels que le Liberia, la Guinée, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal, entraînant des conséquences sanitaires dévastatrices.
Des recherches récentes menées par le Global Initiative Against Transnational Organized Crime ont révélé que le kush est principalement composé de nitazènes, des opioïdes synthétiques extrêmement puissants, certains étant jusqu’à 25 fois plus forts que le fentanyl. Ces substances, associées à des cannabinoïdes synthétiques, rendent le kush hautement addictif et potentiellement mortel. Les effets sur la santé sont alarmants : de nombreux décès ont été signalés, les morgues sont débordées, conduisant à des crémations collectives d’urgence, et des corps sont parfois abandonnés dans les rues.
Propagation et production
La chaîne d’approvisionnement du kush est complexe. Les ingrédients actifs proviendraient de pays tels que la Chine, les Pays-Bas et probablement le Royaume-Uni, transitant par des voies maritimes et des services de messagerie postale. Initialement contrôlé par quelques groupes criminels organisés, le marché du kush s’est fragmenté, rendant sa régulation encore plus difficile. La production locale a également augmenté, notamment à Freetown, la capitale de la Sierra Leone, où des laboratoires clandestins mélangent des précurseurs chimiques importés pour créer le produit final.
Réponse des autorités
Face à cette crise, les gouvernements de la région ont pris des mesures drastiques. En avril 2024, le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a déclaré l’abus de drogues, en particulier le kush, comme une urgence nationale, le qualifiant de « piège mortel » et de « crise existentielle ». Il a mis en place une task force nationale dédiée à la lutte contre cette épidémie, axée sur la prévention, le traitement et l’application de la loi. Des centres de réhabilitation doivent être établis dans chaque district pour offrir un soutien aux personnes dépendantes.
Parallèlement, des rumeurs persistantes circulent concernant la composition du kush, notamment l’utilisation de tramadol ou même d’os humains. Cependant, les analyses n’ont trouvé aucune preuve soutenant ces affirmations.
Défis et perspectives
La lutte contre le kush présente de nombreux défis. La nature synthétique de la drogue permet une production locale à partir de précurseurs chimiques, compliquant les efforts pour endiguer sa fabrication et sa distribution. De plus, la fragmentation du marché et l’implication de divers acteurs rendent la tâche encore plus ardue pour les forces de l’ordre.
Il est essentiel que les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales collaborent étroitement pour développer des stratégies efficaces. Cela inclut la sensibilisation aux dangers du kush, le renforcement des capacités des forces de l’ordre, la mise en place de programmes de traitement et de réhabilitation, ainsi que la surveillance stricte des importations de précurseurs chimiques.
La crise du kush en Afrique de l’Ouest est un appel urgent à l’action collective pour protéger la santé publique et assurer la sécurité des communautés affectées.
Photo : Tommy Trenchard/NPR