
Leurs noms diffèrent selon les zones géographiques. On les appelle dans certains pays Ockada, taxi-motos ou encore Poudapouda. Le moyen de déplacement qui, en une dizaine d’années, a enregistré un énorme succès dans le transport urbain des villes africaines.
En Guinée, le phénomène a vu le jour dans les villes de l’intérieur, notamment Labé, Kindia, Kankan, N’zerekoré, Mamou…avant de progresser petit à petit jusqu’à atteindre Conakry, la capitale située dans l’extrême ouest du pays.
Avant l’arrivée de ce nouveau moyen de transport, ils étaient des milliers à marcher plusieurs kilomètres chaque jour entre leurs domiciles et les arrêts de bus, taxis ou mini bus (magbana) pour emprunter un d’eux devant les conduisant aux lieux de travail respectifs.
Les conducteurs de taxi-motos sont essentiellement des élèves, étudiants, diplômés sans emploi, voire des ouvriers au chômage qui inondaient autrefois les bars café et autres lieux de rassemblement. De nos jours, ils sont visibles à chaque carrefour et rond point reliant les principales routes de Conakry à celles des quartiers reculés fouettés par des voiries exiguies, qui ne connaissent guère d’autres formes de transport en commun si ce n’est ces motos-taxi.
Contrairement à d’autres activités du secteur informel, les conducteurs de taxi-motos gagnent pas mal leur quotidien. En effet, beaucoup sont les habitants des quartiers lointains qui prennent ce mode de transport. Cela fait que l’activité est très rentable ; le prix à payer par tronçon est d’au moins 2 500 Francs guinéens (environs 250 Francs CFA). Mais la particularité est qu’aucune force (police en particulier) ne s’exerce sur eux. Ainsi, au lieu de prendre une personne par voyage, ils prennent deux…trois passagers. Par conséquent, le tronçon leur ramène le double de la recette normale ou plus. Un jeune taxi-motard m’a dit que la recette journalière est de 30 000 Francs lorsque l’on travaille pour quelqu’un d’autre ; ceux qui sont patrons d’eux-mêmes, rentrent avec 100 000 Francs en plus de quelques litres d’essence réservés pour la reprise du travail, le lendemain.
C’est pourquoi, en cette période de chômage qui ne dit pas son nom, ils sont plusieurs centaines à se tourner vers cette activité à la recherche du prix de leur pain quotidien. Elle est, pour eux, la principale source de revenu. Vu la situation socio-économique actuelle du pays, conduire des motos-taxi permet de diminuer non seulement le taux élevé de chômage, mais surtout cesser de rester constamment à coté de la marmite servant à préparer le thé, sous les manguiers en attendant le résultat du pari chez Guinée Games. En Guinée, beaucoup de jeunes vont à l’école pourtant ils ont tous la totale conviction que le bonheur ne viendra pas de ce côté, comme l’illustrent le nombre d’élèves-étudiants-marchands-bordeaulais du marché Madina, les cabines téléphoniques et les multiples prestations de services (photocopie, imprimerie et autres) visibles à chaque coin de rue, qui sont gérées par la classe des déshérités : les jeunes.
Les conducteurs de motos-taxi sont par ailleurs confrontés à des multiples difficultés dans l’exercice de leur travail : braquages, accidents, vols d’engins, assassinats ; la liste des problèmes rencontrés est longue. Plusieurs personnes ont perdu la vie et d’autres sont devenues invalides suite à des accidents de motos. La CMIS (compagnie mobile d’intervention et de sécurité), une brigade de la police guinéenne, les chasse de leurs lieux de travail, officiellement pour des raisons de sécurité. « Non seulement ces gens ne respectent pas le code de la route, mais aussi ils sont imprudents…et ils ne s’occupent que de l’argent que les clients leur donneront au terme du voyage. La plupart des accidents de circulation impliquant des deux roues les concernent », affirme un policier.
Parlant des harcèlements sans cesse des forces de sécurité, les taxis-motards accusent les syndicats de taxis-autos d’avoir corrompu les policiers afin d’éliminer toute forme de concurrence sur le terrain. Des accusations que réfutent les accusés.
Malgré les problèmes sécuritaires, les harcèlements des forces de sécurité et l’élévation des coûts des transports par rapport aux taxis traditionnels, de plus en plus des gens se tournent vers les taxis à deux roues pour effectuer leurs trajets ; ça s’explique par leur rapidité et le piteux état des routes guinéennes.
Du fait de l’insécurité qui règne à Conakry en général et dans les quartiers à faible concentration humaine en particulier, ils n’acceptent pas d’y aller loin pendant la nuit par peur d’être attaqués. D’ailleurs, ces derniers mois beaucoup ont été tués au cours des tentatives de vol de leurs engins. Que ce soit chez les passagers ou chez les pilotes, la prudence est de mise. Car ça peut dégénérer à tout moment, à cause de la cruauté de certains des premiers et la mauvaise conduite des derniers qui sont souvent passionnés par les bruits des motos. Connaissant les déficits des véhicules dans le secteur des transports en commun et la dégradation avancée du réseau routier tant à l’intérieur du pays qu’à Conakry qui ne compte d’ailleurs que deux principales routes, leur activité mérite d’être intégrée et reconnue comme étant un service public, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Le taxi-moto est très populaire en Guinée. Singleton avec son tube Motos-taxi ne me dira pas le contraire.
Merci de nous à voir emmené dans l’univers des taxis à Konakry. La description est bien semblable à ce que j’ai faite de Saint-Marc qui, elle aussi, se déplace en taxi-motos (http://lautrehaiti.mondoblog.org/2012/11/05/saint-marc-se-deplace-en-taxi-moto/). Comme en Guiné, ces chauffeurs de taxi sont parfois victimes de la mal vaillance de certains bandits dans certaines régions en Haïti.
Oui Ousman, ces chauffeurs doivent être protégés, car leur travail est indispensable dans Conakry actuelle
Tu sais Thierno, à la lecture de ton billet, je cherchais Singleton et voilà que je l’ai vu en bas. Vraiment merci de m’avoir fait revivre ces taxis motos qui nous rendent moins dépendants des Magbanas et autres. Bel article!
Eh oui, quand on veut décrire l’univers des taxi-motos de Conakry au complet, il faudrait forcement parler du morceau de Singleteon qui a fait danser plus d’un. Merci mon cher Kaba pour cette énième visite !
Faudrait bien voir ça un jour. Mais dit tu n’a pas parler de la réglementation ont’ils au moins des casques les pilotes et passagers ??
Les pilotes ont des casques. Quant aux passagers: non
Bonjour;
Les taxis moto sont utilisé partout dans le monde mais les taxis moto en France ne sont pas les même dans Conakry et même les conditions de voyage ne sont pas les même…mais ça n’empêche pas que les taxis moto ont un rôle très important dans le transport des personnes.
Merci Anna d’être passée sur ce blog.