Il s’appelait Hugo Chavez !

Hugo Chavez à la tribune de l’ONU via Google Images

De son nom complet Hugo Rafael Chavez Frías, né le 28 juillet 1954 à Sabaneta, au sud du Venezuela, est un militaire et homme d’État vénézuélien. Il fut le chef du parti politique du Mouvement Cinquième République depuis sa fondation en 1997 jusqu’en 2007, quand il devint le chef du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). Se revendiquant du bolivarisme et d’un «socialisme du XXIe siècle», il a mis en place un ensemble de réformes, désigné sous le nom de «Révolution bolivarienne», et comprenant la promulgation d’une nouvelle constitution, une politique de «démocratie participative», et la nationalisation des industries clés, au grand dam de pays capitalistes.

Chavez  dans  l’armée   vénézuélienne

Il est entré dans l’armée en 1971 pour devenir champion de baseball. Mais très vite son frère aîné, Adan, membre du Parti révolutionnaire vénézuélien, lui enseigne les rudiments de la pensée révolutionnaire. Petit à petit, le jeune Hugo entre en contact avec des groupes clandestins de l’armée qui montent des projets pour renverser le  pouvoir en place. Avec ses camarades, ils rêvent de reproduire l’expérience du général Velasquez au Pérou ou de Trujillo au Panama. Hugo Chavez raconte son voyage à Lima en 1974 pour la célébration de la bataille d’Ayacucho : «J’avais 20 ans, j’étais en dernière année d’académie… J’ai rencontré personnellement Juan Velasco Alvarado (renversé quelques mois plus tard). J’ai lu pendant des années son manifeste révolutionnaire, La Revolucion nacional peruana, que le général péruvien m’avait offert.» Hugo Chavez résumait ses influences ainsi : «Torrijos m’a converti en torrijiste, Velasco en velasquiste et Pinochet en anti-Pinochet» et non en partisan d’Allende, le président socialiste chilien qui s’est suicidé lors du bombardement du palais présidentiel chilien, le 11 septembre 1973.

Le 24 juillet 1983, lors du 200e anniversaire de la naissance du héros national, Hugo Chavez fonde au sein de l’armée le Movimiento bolivariano revolucionario 200 (MBR200). Après une longue préparation, le 4 février 1992, le MBR200 qu’il dirigeait tenta un coup d’État contre le président Carlos Andrés Pérez accusé de mener une politique contraire aux engagements électoraux et d’avoir engagé l’armée dans une vague de répressions sanglantes qui l’indignent qui prétexta un arrêt maladie pour ne pas y participer. Le putsch prend pour nom «opération Ezequiel Zamora». Cette tentative échoue, et Chavez est emprisonné pendant deux ans. Lors de son séjour carcéral, il enregistre une vidéocassette dans laquelle il appelle à l’insurrection. Elle est diffusée vers 4 heures du matin dans la nuit du 26 au 27 novembre 1992, lors d’un deuxième coup d’État préparé par le MBR200. La deuxième tentative avorte également, bien que les membres du MBR200 aient tout de même pris le contrôle du pays pendant quelques minutes.  Le président Perez est destitué en 1993 pour détournement de fonds publics.  En 1994, Rafael Caldera est élu pour la deuxième fois à la tête du Venezuela.

Réalisant une de ses promesses politiques faites avant d’être élu, le nouveau maitre de Caracas ordonne la libération de Chavez après deux années passées derrière les barreaux.

Chavez  rêve  de   gouverner

Son ami d’enfance Federico Ruiz raconte : «En 1983, nous sommes partis nous promener tous les deux dans un Dodge Dart qui lui appartenait, avec une bouteille de rhum. Il m’a dit : “Sais-tu une chose ? Un jour, je serai président de la République.”» Federico poursuit: «Alors, tu me nommeras ministre de je-ne-sais-quoi, ai-je plaisanté… Mais je me suis rendu compte qu’il parlait sérieusement…» Une fois libéré, Chavez crée un parti politique nommé Mouvement Cinquième République, la version civile du MBR200. C’est à la tête de ce parti qu’il gagnera les élections, quatre ans plus tard. En 1998, année d’élections législatives et présidentielles, sa cote dans les sondages augmente progressivement (30 % en mai, 39 % en août). Le slogan de sa campagne électorale le proclame : «fléau de l’oligarchie et héros des pauvres». La coalition de partis de gauche, rassemblée autour du MVR, remporte une majorité des sièges du Congrès national lors des élections législatives du 8 novembre avec toutefois une assemblée fragmentée composée de nombreux petits partis. Le 6 décembre 1998. Chavez sort victorieux de l’élection présidentielle avec 56 % des voix, la plus forte majorité jamais constatée à cette élection en quarante ans de démocratie vénézuélienne. Le 2 février de l’année suivante, il prête serment sur une constitution qu’il qualifie de moribonde et dont il demandera la modification à deux reprises par la suite. Éprouvant des difficultés à faire passer ses réformes aux parlements, il met en œuvre le 25 avril 1999 un référendum sur l’opportunité de former une nouvelle assemblée constituante, de programmer des élections pour cette dernière et une nouvelle élection présidentielle pour l’année 2000, ce référendum verra une victoire du «oui» à 92 % avec un taux de participation de 40 %.

Chavez   le   héros    ou   le   populiste ?

Hugo Chavez est un chef charismatique parfois controversé aux yeux des organisations de défenses des droits de l’homme, des pays du nord et de la classe moyenne de son pays. Malgré tout il est une figure révolutionnaire pour une grande partie de l’opinion publique.   Pour  Human Rights Watch, son règne a été marqué par une dérive autoritaire.  «Une extrême concentration du pouvoir et un mépris affiché pour les droits humains fondamentaux.», souligne l’organisation de défense des droits de l’homme basée à New York.

Vision   socialiste  de      Chavez

Comme Bolivar lors de son serment de Rome, à 20 ans, dès le départ, Chavez s’est engagé à consacrer sa vie à améliorer le sort de ses concitoyens. Il se réclamait de lui, et était l’une des consciences de l’Amérique des peuples. Lors de sa première visite à Cuba, en décembre 1994, il avait déclaré à l’université : «Un jour, nous espérons venir à Cuba les bras ouverts, et pour construire ensemble un projet révolutionnaire latino-américain». En 1977 déjà, il évoqua la vision messianique de son destin dans son journal intime : «Je dois me préparer pour agir… Mon peuple est passif… Les conditions ne sont pas réunies. Pourquoi ne pas les créer…»

Durant son règne, il a construit des écoles, des hôpitaux, des routes et des logements sociaux,  et a permis d’accroître les revenues des vénézuéliens. Le taux de chômage dans le pays est passé de 11,3 % (1998) à 7,8 % (2008). Pendant cette période, 2,9 millions d’emplois ont été créés, et la proportion d’emplois dans l’économie informelle est tombée de 54,6 % (1998) à 48,2 % (2008).  En réalité, les taux de pauvreté et de pauvreté extrême ont considérablement baissé ces dernières années.

Défenseur   indéfectible       des         dictateurs  et    combattant du néo-colonialisme

De la Libye du feu colonel Kadhafi à la Syrie de Bachar Al-Assad en passant par l’Iran d’Ahmedinejad et le Cuba des Castro, Chavez était leur soutien indéfectible. En 2012, il déclara après la mort de Kadhafi : «Malheureusement, la mort de Kadhafi a été confirmée. Ils l’ont assassiné, (c’est) une violation supplémentaire de la vie». Pour lui le guide libyen est un ‘’martyr’’ et ‘’un grand combattant’’. Quant à sa position sur la guerre civile en Syrie, il est persuadé que le Président Assad est victime d’un complot orchestré par les impérialistes occidentaux. «Je ne sais pas comment il se fait que certains gouvernements d’Europe se réunissent avec les terroristes et ne reconnaissent plus un gouvernement légitime. Nous, nous continuons bien sûr à soutenir le gouvernement légitime et nous plaidons pour la paix en Syrie», a-t-il affirmé quelques jours après sa réélection. Il n’a également cessé de dénoncer  l’occupation illégale de la Palestine par l’Israel, le sioniste. Et a critiqué l’intervention américaine en Irak.

Dans son discours à la 61ème assemblée générale de l’ONU, le 20 septembre 2006, parlant du Président des Etats-Unis Georges W. Bush, il dit : «…Le diable s’est introduit chez eux. Le diable, le diable lui-même, est dans leur maison.

Et Hier, le diable est venu ici. Ici, le diable est entré. Juste ici. [Il fait le signe de croix] Et ça sent encore le soufre aujourd’hui. Hier, Mesdames et Messieurs, de cette tribune, le président des Etats-Unis, le monsieur que j’appelle le Diable, est venu ici parler comme s’il possédait le monde entier. Vraiment. Comme s’il était le propriétaire du monde…».

Il a consacré sa vie politique à la lutte contre «l’impérialisme et le système capitaliste». Dans sa ligne de mire l’Amérique et ses alliés. D’ailleurs, Chavez s’était clairement positionné comme chef de file d’une Amérique latine anti-américaine, dans les pas de Fidel Castro, l’ex-leader cubain qu’il admirait et qui, paradoxalement, lui survit après avoir lui aussi affronté l’épreuve de la maladie et avoir abandonné le pouvoir à son frère Raul. Sans pour autant réussir à fédérer tous les leaders latino-américains derrière cette vision.

Grâce à la manne pétrolière, il a su faire du Venezuela une puissance diplomatique. De ses voisins latinos et les pays des Caraibes à l’Afrique, il était partout. Aujourd’hui, ces régions pleurent la mort d’un homme qui croyait à ses convictions. Celle d’améliorer les conditions de vies de ses concitoyens.

Réélu en Octobre 2012, Hugo Chavez est mort le 5mars 2013 à la suite d’un cancer, à l’âge de 58 ans. Il  laisse derrière lui un peuple qui se souviendra longtemps du ‘’Commendente’. Selon un  récent sondage, 60% de vénézuéliens souhaitaient son retour pour continuer à gérer le pays.

Quel avenir pour le chavisme ?                 Que sera le Venezuela sans Hugo Chavez ?                   Comment les Etats du sud feront-ils désormais face au néo-colonialisme ?

Voila quelques unes des questions qui restent sans réponses !

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4 Commentaires

  1. Hello Thierno:

    I cannot thank you enough for your tribute to Hugo Chavez Frias. Chavez was a unique, smart, loving and courageous man and exactly what the people of Venezuela needed.

    I have had the privilege of doing solidarity work in support of the Bolivarian revolution for the last 12 years. There were high points and low points, but Chavez always survived with dignity and a determination to serve the people.

    Your tribute is a timeless piece that I hope you will re-post from time to time. All of us can learn a lot from his leadership and, because of this, I would like to make a suggestion. I encourage you to add information about the 2002 US-sponsored coup against Chavez primarily because this was Venezuela’s finest hour in which the power of the people successfully fought off the coup makers without firing a shot and then brought their democratically-elected leader back home to Miraflores Palace to finish his term.

    An excellent documentary was made about the coup as it unfolded. Two Irish filmmakers had come to Venezuela to do a profile of Chavez, but suddenly the coup erupted and the film crew was trapped inside the presidential palace when it happened. They kept their cameras rolling over the next 3 days which included the coup plotters (white, upper class) sipping champagne in the palace as they congratulated themselves, the hundreds of thousands of Chavez supporters outside the palace gates demanding his return, Chavez’ red beret commandos launching an attack against the coup makers inside the palace, and the return of Chavez in the wee hours of the morning via helicopter to the cheering of what was then at least 1 million Venezuelans who refused to leave the palace gates until Chavez was returned home.

    The name of the documentary is “The Revolution Will Not Be Televised,” and is available on You Tube at: http://www.youtube.com/watch?v=3ZajyVas4Jg Please forgive me if you have seen the film, but maybe some of your other readers have not, but might like to. It is in Spanish with English subtitles.

    Bravo, companero Thierno. Anytime anyone writes the truth about Hugo Chavez, I’m very happy.

    Merci!
    Shirley Pate Diallo
    http://www.guineaoye.wordpress.com

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