
Conakry, la capitale la plus obscure de la planète ? La ville où les lampes chinoises s’imposent en maître absolu ? La ville où l’électricité demeure un luxe ? Eh bien, ne tapez pas la tête pour répondre à ces différentes questions. Elles sont clairement affirmatives ! Oui Conakry, la ville aux multiples lumières. Sur cette dernière affirmation la réponse est à la fois OUI et NON. Elle est OUI quand on se réfère des dizaines de lumières qui envahissent la ville dès que le soleil s’éclipse de la portée de vue. Eh oui, en ce moment là nous nous retrouvons au milieu des phares de véhicules, des fumeurs qui clignotent avec leur cigarette à côté, des bougies allumées aussi bien le long de la route que les coins dans les quartiers pour signaler aux personnes désireuses de l’existence d’un point de vente de Nyébé ou d’atthiécké (nourritures), des torchent chinoises qu’elles soient alimentées par des piles ou incorporées dans les téléphones portables. Aujourd’hui, la plupart des téléphones disponibles sur le marché sont équipés de matériels d’éclairage. «MERCI A L’INDUSTRIE CHINOISE», quoi ! La réponse est NON parce que tout simplement ce n’est pas le même type de lumières que les villes modernes utilisent. Et puis, ces lumières ne sont visibles qu’une petite partie de la nuit, plus tard 23H30’.
Elle s’appelle EDG (électricité de Guinée)
EDG est l’entreprise publique, comme son nom l’indique, chargée de la distribution de l’électricité à Conakry ainsi que la quasi-totalité de préfectures de la Guinée. Mais depuis plus d’une décennie, l’électricité est une denrée très rare dans toutes les villes du «château de l’Afrique occidentale» et «le scandale géologique». Malgré les potentialités que le pays dispose et la triste réalité vit par la population, les responsables de l’EDG nous font croire, par les canaux de la RTG (radiodiffusion télévision guinéenne), que la desserte en électricité à Conakry s’est beaucoup améliorée ces derniers temps. Ce qui est totalement faux et très loin de s’effectuer. En effet, exceptée de la fin du mois (période au cours de laquelle s’effectuent la distribution et le payement des factures d’électricité) caractérisée par près de 10 heures de fourniture par jour, le courant fait la rotation entre les différents quartiers de Conakry donnant naissance ce que tout le monde connait désormais par cœur : le «tour-tour». Officiellement, les foyers ont de l’électricité un jour sur deux. Ici, chaque quartier sait dans les conditions normales quand est-ce le courant sera rétabli. Si c’est le tour de Cosa par exemple c’est dans les alentours de 18heures jusqu’à minuit qu’il faut viser ; sinon c’est à partir d’1 heure du matin que les appareils électroniques (téléphones portables, caméscopes, ordinateurs, etc.) vont commencer à être chargés avant le prochain délestage qui interviendrait entre 5 et 6 heures…
C’est là que mes yeux rougis. Faire des nuits blanches, je suis maintenant un habitué surtout lorsque le courant est indispensable à l’accomplissement de ma tâche notamment pour écrire les billets pour mon blog. Mais je me tais hein parce que dès lors où même les hôpitaux ne sont pas épargnés par les gestes de l’insoutenable EDG, je crois que ce n’est pas un blogueur qui ne doit pas apprendre à se patienter.
A Conakry, pour vérifier s’il y a l’électricité ou pas, il suffit juste de jeter un coup d’œil sur l’ampoule la plus proche car l’interrupteur est généralement en position ON.
Les délestages affectent sérieusement les activités économiques : toutes les usines ou entreprises tertiaires sont alimentées par des groupes électrogènes pendant que 1L de pétrole est vendu à 9 500 Francs guinéens (environs 1,45 Dollar US) à la pompe. D’ailleurs plusieurs d’entre elles ont fini par fermer leurs portes plongeant ainsi des milliers de travailleurs dans le chômage. Il y a également les manifestations contre les délestages au cours desquelles des biens publics et privés sont détruits par des individus «non identifiés».
Electricité de Guinée, c’est aussi des incendies et des décisions importantes
En effet, un mois ne se passe pas sans qu’un coup circuit n’arrive à faire des victimes humaines ou matérielles. Le courant est bien sûr très rare mais ce qui vient fait assez de dégâts. Vous vous en souvenez entre les deux tours de la présidentielle en 2010 ? Un incendie attribué à un coup circuit avait ravagé un magasin du camp militaire Samory Touré de Conakry dont le contenu n’était autre que des équipements appartenant à la CENI (commission électorale nationale indépendante). Et oui, EDG intervient de temps en temps dans les litiges à caractère national. Jusqu’ici, aucune enquête n’a démenti la thèse d’incendie accidentel.
EDG, certains ados te remercient pour les ténèbres
Je ne pense pas si ça mérite un remerciement, mais certains adolescents issus des familles hostiles à l’union libre se retrouvent une fois la nuit entre les concessions pour flirter paisiblement comme si l’obscurité devenait un avantage.
Le manque d’électricité en Guinée s’est invité sur la planète musicale avec le célèbre titre du reggae man ivoirien Tiken Jah Fakoly ‘’Conakry Electricité’’.
http://youtu.be/uZ11hySqh3I
Le gouvernement actuel lors de sa prise de fonction s’était fixé pour objectif résoudre le problème d’électricité dans le plus bref délai. Papa Koly, le ministre en charge de l’énergie, avait promis que la ville de Conakry serait servie en permanence avant fin décembre 2011. Bientôt un an après la date du ministre, Conakry est plus que jamais dans le noir. En revanche, un barrage hydroélectrique est en construction en ce moment à Kalétah. Selon le ministère, ce barrage permettra de résoudre définitivement ce problème.
En attendant, gardons soigneusement nos lampes chinoises. N’est-ce pas Messieurs les responsables de l’électricité de Guinée ?
Thierno Diallo (cireass)
EDG n’est qu’une entreprise d’exploitation des guineens.
90% des abonnes non pas de conteurs;EDG monte un montant a payé par les abonnés a la fin du mois.
En plus du manque de compteurs, les factures sont payées en intégralité. Aucune réduction en dépit de tout ce qu’on sait de manquement de sa part.
Intéressant. A juste titre, les situations entre Guinée et Haïti se ressemblent
Très malheureusement, une ressemblance qui ne fait pas le bonheur des citoyens.
Je le dis toujours Thierno. Les problèmes sont presque pareils dans toute l’Afrique. L’électricité, qui devrait encourager l’éducation, le travail, la production est absente. L’Afrique est la traîne! Pas surprenant je te le dis!
Une chose est claire chère Josie, les dirigeants africains sont tous les mêmes. Le sort du peuple qu’ils sont censé défendre les intéresse très peu. Sinon comment se peut-il qu’un continent aussi riche en terme de potentialités lui permettant de produire de l’électricité sans même causer d’énormes problèmes à l’environnement soit dans cette situation ?