Au “Bayon”, on ne pose pas n’importe quelle question au roi Alphonse !

Crédit photo: www.redrocketmedia.co.uk

Comme toutes les histoires que j’ai eues à raconter sur ce blog, celle que vous allez découvrir aujourd’hui est inspirée d’une affaire qui défraie la chronique en ce moment à “Bayon City”, la capitale royale: la rupture quelque peu inattendue entre le roi Alphonse, le roi du «  Bayon » ; un royaume situé quelque part dans la planète ; et un de ses ex-alliées, son ex-ministre de l’agriculture. En effet le royaume dit, dans ce billet,  “Bayon” est  virtuel. Par contre, la situation décrite est bien réelle. Le royaume bayonnais est en quête de prospérité depuis plus d’un demi-siècle.  Le Bayon,  dès les premières heures de son indépendance, ses citoyens rêvent d’un avenir radieux. Mais malheureusement, son évolution est marquée par d’extrêmes difficultés tant sur le plan politique, économique que social. Dans notre présent royaume, il se passe beaucoup de choses.  Parmi ces choses, j’ai choisi de vous raconter la rupture brutale entre le roi “Alphonse” et son ancien ministre de l’agriculture, monsieur ”Saro”.

N’ayant sans doute pas préparé sa chute, Saro  autrefois patron de l’un des plus stratégiques portefeuilles  ministériels du Bayon tombe en disgrâce. Sa majesté le remercie pour bilan catastrophique.  Ainsi, il perd complètement sa tête. Décidément, il ne s’attendait pas à un tel sort. C’est pourquoi quelques semaines avant son limogeage, il excluait tout changement de camp ; mais les intérêts en ont décidé autrement.  Il décide alors de rejoindre ceux qui sont en perpétuel désaccord avec le roi :  ‘’les gênants’’, les membres de l’opposition politique, pour officiellement lutter ensemble pour l’avènement d’une véritable démocratie au “Bayon”.  En fait, le roi Alphonse  est un dirigeant qui voudrait faire sourire dans son passage tous les spectateurs, y compris les plus indignés. En plus du trône, il est le chef suprême des armées, le chef du parti qui ne  rêve que d’exister seul dans le paysage politique local, le garant de la paix et surtout le premier magistrat.

Aussitôt parti, aussitôt au travail. Saro se met à gêner par tous les moyens  son ex-mentor. Ce qui va incontestablement irriter ce dernier. Comme dit un adage populaire africain, il n’est pas facile de se laisser arracher sa femme par l’homme que l’on a circoncis. En dépit de tout,  l’ancien ami est plus que jamais déterminé à gêner notre roi, car c’est un sort qu’il estime terrible que l’on lui a réservé. Cela coïncide avec un soulèvement populaire contre le préfet de la ville d’où il est originaire, Guéckédou. Il fait alors une sortie médiatique pour le moins flattant, pour afficher sa position. Très vite, ses anciens amis l’accusent d’avoir tenu des propos incendiaires et le rappellent à l’ordre ; l’affaire fait La Une de journaux locaux.

Suite à un gigantesque blocage politique, les gênants adoptent la stratégie la plus radicale dans une démocratie : les manifestations de rues.  Pour la énième fois, ses leaders vont laisser leurs chevaux à la maison et goûter le quotidien de la majorité de leurs concitoyens ; ils tapent 1, 2 dans les rues de Bayon-City avec des milliers d’autres petits gênants. Vu le nombre de marcheurs ce jour-là encore, d’aucuns s’étaient  demandés si des diables n’avaient pas été puisés de la rivière située dans la partie ouest de la ville pour grossir les  rangs de protestataires. Ouffff rien ne surprend dans la situation actuelle hein ?  Bayon post-PPTE n’a pas encore séché ses larmes !

Tous les indignés de la “gestion catastrophique” du roi sont invités à rallier à un meeting de protestation devant l’une des rares grandes parcelles que les chefs de canton n’ont pas  encore vendues aux hommes d’affaires : le stade. Dieu merci, ça galère mais le point de non-retour n’est pas pour le moment atteint. Arriver sur le lieu, chaque leader devrait prendre le micro et remplacer les gros parleurs de la bande FM. Saro, jadis rappelé à l’ordre,  commettra l’irréparable faute, en demandant au chef bien aimé, Sa Majesté, de lui montrer la case éternelle de son père, dans l’intension bien sûr de contester sa nationalité bayonaise. Une question que sa majesté ne répondra  pas par la bouche, puisque il y a « une justice qui est indépendante » dans le royaume. Effectivement, le dossier  est aujourd’hui devant la justice. L’ex-allié devenu problématique est poursuivi pour injures publiques à l’encontre du citoyen Alphonse ; bien que cela ne soit pas mentionné dans le dossier, Alphonse  est le chef suprême du royaume. Et cela risque de coûter  de la quinine à Saro parce qu’une autre plainte pour escroquerie déposée cette fois par un homme d’affaires est venue s’ajouter à son dossier.

Certainement en posant cette question, il a montré qu’il a oublié le plus petit des cours de Géographie, et précisément l’affirmation qui a été fatale à Galilée : « La terre tourne autour du soleil ». Avant de prendre part à un tel évènement, il faudrait réviser ses leçons. Lui-même sait bien que plusieurs hypothèses sont possibles à propos de cette case. Tout d’abord, on dit que « la terre tourne », donc il se peut qu’il ait eu des déplacements, car non seulement ça fait longtemps depuis qu’il nous a quitté, mais aussi il est question de la demeure du père d’Alphonse. Ensuite, si monsieur X et ses proches ont racheté le terrain où était battue la case recherchée, pour loger leur parent qui en avait marre d’être parmi nous ; il sera impossible de la situer maintenant-là.

D’ailleurs; il paraît que Saro comprend les choses autrement. Sinon, nous savons que tous les hommes ne sont pas égaux. Lui qui n’est ni porteur de béret rouge pour pouvoir transformer le stade national de football en une boucherie humaine, ni renverseur de marmites quand les cantons chauds de la haute banlieue de Bayon-City sont en ébullition, encore moins un distributeur automatique de coups de matraque ou lanceurs de gaz lacrymogènes, alors la loi sera appliquée dans toute sa rigueur. S’il appartenait à l’un de ces corps, il n’aurait certainement pas besoin de chercher des avocats pour lui prodiguer des conseils avant de se  rendre à la base des forces de sécurité où il est vivement attendu, pas plus pour la  préparation de sa défense, car il allait tout simplement échapper à toute poursuite, si ce n’est la justice divine qui n’accepte pas de magouilles.

A partir du moment où il est citoyen ordinaire, il va maintenant diminuer le taux de chômage dans le royaume, en recrutant des avocats pour sa défenses. N’est-ce pas une bonne nouvelle, hein ? Ces derniers vont forcement  se frotter les mains puisque ce qu’il a gagné lorsqu’il était super-ministre sera maintenant partagé entre si toutefois il ne veut pas séjourner à la maison centrale. Cette affaire lui apprendra  désormais à ne pas poser toutes sortes de questions, surtout lorsqu’il s’adresse à notre roi bien-aimé.

Par cireass

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