Le calme pesant qui régnait dans la salle d’audience du Tribunal de première instance de Kindia, à 145 kilomètres à l’est de Conakry, ce lundi 26 mai, contrastait avec l’agitation et l’émotion qui avaient marqué les obsèques de Moussa Koffoé, treize jours plus tôt. C’est dans ce même contexte de deuil national que Mohamed 1 Camara, un jeune coiffeur de 32 ans, a été reconnu coupable de vol aggravé, pour avoir dérobé des téléphones appartenant aux proches du célèbre comédien en marge de l’organisation de ses funérailles.
Le prévenu, originaire de Conakry et résidant à Kamsar, a admis les faits à la barre. Le 13 mai dernier, jour des funérailles de Moussa Koffoé Keita à la place des Martyrs à Kindia, il s’est introduit parmi les proches du défunt en se faisant passer pour un parent endeuillé. Profitant de la confusion et de la douleur ambiantes, il a dérobé treize téléphones portables et une somme d’argent appartenant en grande majorité aux enfants et veuves du célèbre comédien.
Parmi ses victimes figurent également une femme qui était en train de filmer la cérémonie et un patient à l’hôpital de Dubréka. Des actes qui ont profondément choqué l’opinion, tant par leur gravité que par le lieu et le moment choisis pour les commettre.
À l’audience, Mohamed 1 Camara n’a pas cherché à nier. Visiblement accablé, il a déclaré à la barre : « Monsieur le président, je demande pardon. Je regrette profondément. Il y a quelque chose qui me suit. Si je ne dis pas la vérité, cela me tuera. Ma cellule est infernale, je risque de perdre mes pieds. Je supplie les autorités de me restituer les 600 000 francs guinéens saisis lors de mon arrestation ».
Mais ses remords n’ont pas suffi à attendrir la justice. Le substitut du procureur, visiblement indigné, l’a qualifié d’« ambassadeur accrédité de Satan », dénonçant une infraction moralement insoutenable. Il a requis une peine exemplaire : dix ans de prison ferme, assortie d’une amende de cinq millions de francs guinéens. Le tribunal a suivi cette réquisition, requalifiant les faits en vols aggravés et abus de confiance.
En plus de sa condamnation, Mohamed 1 Camara devra restituer les treize téléphones volés. À défaut, précisent nos confrères du Djey, il sera contraint de rembourser leur valeur totale, estimée à 15 900 000 francs guinéens, répartis comme suit :
– 13 200 000 GNF pour la famille Keita,
– 1 300 000 GNF pour Mme Mariama Diallo,
– 1 400 000 GNF pour Mme Fatoumata Camara.
L’accusé avait été identifié grâce à des images partagées sur les réseaux sociaux. Il a été interpellé deux jours après les faits, le 15 mai, au port Nènè de Kamsar, avant d’être transféré à Kindia où il purge désormais sa peine à la Maison centrale de la ville.
Toutefois, des réactions expriment leur incompréhension face à la sévérité du verdict. Des citoyens rappellent que des anciens hauts fonctionnaires, reconnus coupables notamment de corruption, détournements de fonds publics et vol aggravé, s’élavant à plusieurs milliards de francs guinéens sont condamnés à des peines nettement inférieures.