Sénégal : le scandale de la dette publique cachée confirmé, et maintenant ?

Ça y est, on a maintenant la confirmation du Fonds monétaire international (FMI) : le régime de Macky Sall a bel et bien falsifié les comptes publics relatifs à la dette publique du Sénégal. Une mission du FMI ayant séjourné à Dakar du 18 au 26 mars 2025 a confirmé l’existence du scandale politico-financier révélé par la Cour des comptes dans un rapport publié en février dernier. Entre 2019 et mars 2024, le pouvoir du président Sall a dissimulé près de 7 milliards de dollars de dette publique. Ce qui déstabilise désormais l’Etat sénégalais dans ses capacités à contracter de nouvelles dettes pour financer les projets du tandem Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko.

Face à ce scandale, l’on est en droit de se demander quelles seront les conséquences de cette révélation pour l’ancien chef de l’État et ses proches collaborateurs, mais aussi pour les autorités actuelles ?

Une faillite morale et politique

Le Sénégal s’est longtemps présenté comme un modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest. Macky Sall, arrivé au pouvoir en 2012, incarnait le renouveau. Pourtant, à l’heure où les rideaux se lèvent sur les pratiques financières de son régime, c’est un tout autre récit qui s’écrit.

Les chiffres sont accablants : une dette publique atteignant 99,67 % du PIB à la fin de l’année 2023 contre les 73,6 % annoncés officiellement. Derrière ces pourcentages se cache une « décision consciente », destinée à embellir les performances économiques du pays. La vérité éclate au grand jour : le régime du président Macky Sall s’est rendu coupable d’un mensonge d’État. Mais si l’ancien patron de l’exécutif sénégalais est le principal accusé dans cette manipulation, il faut noter que ce mensonge n’a pas été perpétré par un seul homme. Plusieurs anciens piliers de son régime pourraient devoir répondre de leurs rôles dans cette affaire.

L’image du modèle sénégalais entachée ?

Sous le règne de l’ancien président Macky Sall, les éloges ne manquaient pas envers son régime pour ses initiatives de doter le Sénégal d’infrastructures de qualité, comme dans le cadre du « Plan Sénégal Émergent ».

Si ce n’est pas la première fois que le Sénégal est secoué par un scandale financier, l’ampleur des montants et l’implication possible de hauts responsables dans cette manipulation des comptes publics rendent l’affaire inédite. Aujourd’hui, le défi qui se présente pour la justice sénégalaise est immense : lutter contre l’impunité tout en ne donnant pas l’impression d’être un instrument au service du couple Faye-Sonko pour régler les comptes politiques.

Un scandale qui sera ausculté avec prudence

Le chef de l’État actuel, Bassirou Diomaye Faye, est à la croisée des chemins. Accepter de laisser la justice suivre son cours normal sans interférence serait un signe fort, mais risqué du point de vue politique. En effet, certains des acteurs qui pourraient être inquiétés dans cette affaire restent des figures influentes capables de mobiliser des soutiens politiques et financiers, bien qu’ils ne soient pas aux affaires.

Et que dire de Macky Sall lui-même ? L’ancien président, bien que protégé par une certaine immunité, pourrait être convoqué pour témoigner. S’il devait être mis en cause, ce serait une première historique pour le Sénégal. Mais osera-t-on franchir cette ligne rouge ? Les accusations se multiplient contre celui qui coule des jours tranquilles au Maroc où il vit un exil doré.

Conséquences économiques et géopolitiques envisageables

Certes le FMI ne se montre pas virulent vis-à-vis des autorités sénégalaises, qui – après tout – ne sont responsables de la situation actuelle, il n’a pas manqué de souligner la tricherie perpétrée par le précédent régime. La confiance des bailleurs de fonds pourrait être entamée, et les prochains financements risquent d’être soumis à des traitements plus sévères. En outre, le coût de l’endettement pourrait augmenter, creusant un peu plus le fossé budgétaire.

Sur le plan régional et africain, le Sénégal, longtemps vu comme un modèle de bonne gouvernance, risque de perdre son aura. Les partenaires internationaux, déjà échaudés par les scandales de corruption dans d’autres pays africains, pourraient désormais regarder Dakar avec méfiance.

Thierno Diallo (@cireass)

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