RDC : au moins 52 morts dans des affrontements entre le M23 et des milices pro-gouvernementales à Goma

Les violences armées ont repris de plus belle dans l’est de la République démocratique du Congo. Dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 avril, des affrontements meurtriers entre les rebelles du M23 et des miliciens pro-gouvernementaux « Wazalendo » ont coûté la vie à au moins 52 personnes à Goma et ses environs, dans la province du Nord-Kivu.

Des tirs d’armes lourdes et légères ont été entendus dans les quartiers ouest de Goma, ville stratégique d’environ deux millions d’habitants tombée sous le contrôle du M23 depuis la fin janvier. La situation reste tendue alors que la population, prise en étau entre plusieurs forces armées, continue de fuir les zones les plus exposées.

Dans un communiqué publié dimanche, le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani, a dénoncé une attaque « organisée et simulée » du M23/AFC contre des civils. Mais le groupe armé CMC-FDP, lié aux miliciens Wazalendo, a de son côté revendiqué l’assaut dans une déclaration relayée par les médias.

Le M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, affirme de son côté avoir repoussé une « tentative » de reconquête menée par les forces congolaises appuyées par des milices locales et des troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Le mouvement rebelle accuse ces opérations de constituer « une menace directe pour la stabilité des populations civiles » et exige le retrait immédiat des troupes de la SADC ainsi que la reddition des soldats congolais réfugiés dans une base de la Monusco.

Un processus de paix menacé

Ces affrontements surviennent alors que des pourparlers sont en cours à Doha, sous l’égide du Qatar. Une rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame a eu lieu récemment, mais les négociations semblent compromises. Le M23 conditionne sa participation au dialogue à l’annulation d’une résolution du Parlement interdisant l’intégration des groupes armés dans l’armée nationale, ainsi qu’à la libération de ses membres détenus à Kinshasa.

Le gouvernement congolais, lui, reste inflexible. Pour Kinshasa, aucun processus de paix ne peut avancer tant que les rebelles n’auront pas quitté les zones qu’ils occupent dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Une crise aux racines profondes

Le M23, acronyme du Mouvement du 23 Mars, est né en 2012 d’une rébellion de soldats congolais dissidents. Bien qu’il ait été défait en 2013 par les forces armées congolaises appuyées par la Monusco, le groupe a repris les armes en 2022, occupant progressivement plusieurs localités de l’est du pays, dont les villes de Goma et Bukavu.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le mouvement pour exploiter les ressources minières de la région. Des rapports de l’ONU étayent ces accusations, mentionnant un soutien militaire rwandais. Kigali rejette fermement ces allégations, affirmant que le M23 est un groupe congolais et dénonçant les liens entre Kinshasa et des groupes armés comme les FDLR, responsables du génocide rwandais de 1994.

Dans ce climat de méfiance réciproque, la reprise des combats fait planer un doute profond sur l’avenir du dialogue et la possibilité d’un retour durable à la paix dans cette région meurtrie.

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